Marina Ardouin est une rencontre virtuelle, une de ces rencontres qui interpellent !

Nous nous suivons depuis quelques temps sur les réseaux sociaux et échangeons régulièrement. Nos valeurs communes font que j’ai eu envie de l’interviewer pour ce 12ème portrait de mon tour de France des Psychopédagogues …

 

Bonjour Marina, tu es Psychopédagogue et Médiatrice Cognitive, peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours

Marina Ardouin - Psychopédagogue et Médiatrice CognitiveOriginaire de Loire-Atlantique, je voulais être psychologue … les conseillers d’orientation aimant, à l’époque, bien les cases claires m’ont jugées « pas assez bonne en maths », je me suis alors retrouvée en Journalisme et Communication. Après un Master, j’ai hésité entre la recherche et l’entreprise. Ce sera l’entreprise mais je ne m’y suis pas sentie à ma place, avec un décalage entre mes valeurs et ce qu’on me demandait. Mon parcours est vraiment très varié, j’ai eu pas mal d’expériences (banque, collectivités, start up, agriculture bio, enseignement… !), il fallait que cela fasse sens et surtout que je ne m’ennuie pas ! J’ai toujours aimé apprendre, écouter l’autre et le comprendre, apporter des solutions. Finalement, le chemin de la recherche aurait été plus adapté ! mais le révélateur, ce fut l’enseignement…

En parallèle, je me suis mariée et je suis devenue maman de 2 enfants. Je suis entrée dans les lectures liées à la parentalité, pourtant, un truc clochait : chez nous, rien ne correspondait à ce qu’il y avait dans ces livres ! J’ai toujours eu un pressentiment quant à mes enfants…bien entendu, nos enfants sont tous singuliers…mais chez nous, c’était ++ ! Et puis en Grande Section, une institutrice (aujourd’hui heureusement à la retraite…) m’a expliqué que mes méthodes éducatives étaient mauvaises et que notre fils devait aller « consulter » et moi aussi (!), je te l’accorde, c’est violent pour une maman ! Pour la psychologue que nous rencontrons, tout va bien, mais elle souhaite faire passer un test à notre grand…quelques semaines plus tard, il est identifié HPI (voir THPI), elle a rencontré le petit frère et nous dit qu’elle lui ferait bien un bilan aussi…HPI ! Nos enfants allaient donc bien, nous aussi, mais le temps passé à l’école leur semblait long, très long… et comme les chiens ne font pas des chats…j’ai découvert suite à un burn out que j’avais aussi ce monde de fonctionnement doublé d’un TDAH.

 

Pourquoi avoir fait le choix de devenir Psychopédagogue

C’est arrivé au fur et à mesure, à la suite des bilans, j’ai dévoré la littérature de l’époque (moins florissante que de nos jours). Les enseignants, si bienveillants étaient-ils dans notre école, ne connaissaient pas le sujet, malgré la préconisation de saut de classe par la psychologue, il aura fallu attendre longtemps pour nos enfants. L’aide ne venant pas de l’école, j’ai décidé de tout faire pour accompagner mes enfants. J’ai accumulé pas mal de connaissances, et puis d’autres parents sont venus vers moi, m’ont questionné, parfois, les enfants ont pu aussi bénéficier de bilans, de sauts de classe. J’ai évolué un peu dans l’enseignement où je faisais des remplacements, pensant passer le CRPE, j’ai adoré ce métier ! une révélation ! mais…j’ai fait ce burn out, à la suite duquel j’ai été aidé par une conseillère d’orientation formée aux profils atypiques (Vanessa de Penanster, sur Douranenez) qui m’a aidé à construire finalement mon propre métier, à la carte. Je me suis formée auprès de nos amis canadiens (très en avance sur ces sujets), des cours en ligne en anglais (les US aussi sont en alerte sur les profils atypiques). J’ai validé un niveau Licence en psychologie, je me suis formé au CNAM en formation des adultes, bref, j’ai passé 4 ans à me former et j’ai créé un parcours « cousu main », en fonction de ce que j’avais identifié comme besoins autour de moi. Je me forme actuellement au coaching. (mon parcours est détaillé sur mon site !).

Pour revenir à ta question, je crois que je fais ce métier, quelque part, pour essayer de changer le monde à mon échelle, pour éviter la souffrance que j’ai connue, les doutes, à d’autres familles, d’autres enfants, pour montrer à ces jeunes atypiques (ou non d’ailleurs), ce qui est possible et quelle vie merveilleuse les attends ! Dans notre pays, on ne valorise encore que trop peu la douance, les élèves doivent souvent « attendre », au Canada, on les encourage à aller encore plus loin et plus vite !!

 

Peux-tu nous donner une définition du métier de praticienne en psychopédagogie positive

Dans le métier de psychopédagogue, tel que je l’exerce, l’objectif est d’accompagner le jeune (mais aussi l’enfant, l’adulte parfois) dans sa globalité afin de gagner en autonomie sur le domaine scolaire, professionnel. On va parler gestion du stress, estime de soi, motivation…on engage une réflexion autour des apprentissages, mais au-delà du scolaire, la fonctionnement, l’hygiène de vie, ont aussi leur place.

J’accompagne aussi les parents, leur explique comment le jeune fonctionne, ses différences, les aider à les prendre en compte au quotidien. Par exemple, pour les parents d’enfants avec un TDAH, la psychoéducation, la guidance parentale est essentielle avec des programmes spécifiques auxquels je suis formée.

 

Peux-tu nous dire comment se déroule une séance dans ton cabinet

Les séances durent entre 45 minutes et 1h. Nous commençons toujours par « prendre la température », la météo intérieure comme on dit à l’école. Ce qui entraîne bien souvent une conversation qui peut paraître « banale », mais qui ouvre sur des questionnements, des soucis, des ruminations pour certains … l’idée, c’est de se « délester » de ce qui pèse pour être plus léger et pouvoir travailler ensuite. Je propose des suivis en face à face mais aussi en visio, ou en alternance les 2.

Ensuite, selon la personne, son programme d’accompagnement, on déroule la séance. Remédiation pour des TDAH, parfois on est plus dans du coaching (souvent les HPI), le travail des émotions, l’anxiété…tout dépend de ce qui a été déterminé en amont. Même schéma pour les ados ou les adultes, mais de façon adaptée.

En fin de séance, je les laisse partir avec un objectif pour la prochaine fois, pour les étudiants, on fixe clairement les prochaines étapes, je donne des challenges etc.

Et puis, parfois, il y a ce qu’on avait prévuet la séance part dans une autre direction, parce que le besoin de parler est là, et que, tout en gardant le cadre de la psychopédagogie et non pas d’une thérapie ou de psychologie sauvage, le jeune a besoin de détricoter certaines questions, ou inquiétudes juste de les déposer ici.

Les gens arrivent dans mon cabinet souvent parce qu’ils n’ont pas trouvé d’écoute ailleurs, pas de réponses adaptées, concrètes, ils arrivent après avoir vu plusieurs personnes qui les ont aidés parfois mais le volet scolaire ou professionnel est peu investi. On me consulte aussi pour mes spécialités : je suis formée et certifiée pour les profils TDAH, HPI. J’ai par ailleurs, grâce à mes formations, pu construire des outils de détection pour ces profils (qui sont utilisés au Canada). Pour le HPI, un bilan ça coute cher, mais j’utilise des tableaux élaborés pendant mes formations, qui me permettent d’identifier ces profils et de travailler avec les enseignants et les parents. Car on n’a pas besoin d’attendre le bilan pour comprendre et agir sur les besoins identifiés ! Le bilan intervient en complément, il permet aussi de détecter un trouble pour lequel un doute se pose.

 

Livre Zebraska - Isabelle BaryNous ne nous connaissons qu’à travers la toile, veux-tu bien nous parler de notre relation particulière et de nos valeurs communes

Nos échanges … je crois que le HPi et l’atypisme nous réunit ! au-delà de ça, notre vision et notre approche chaleureuse et féminine, l’envie d’aller plus loin, d’agir en amont, de penser global.

L’écoute, je crois que sans une grande écoute, nous ne serions pas efficaces dans nos approches. Savoir écouter est vraiment particulier.

 

Tu portes un intérêt particulier sur les EIP. Peux-tu nous dire pourquoi et nous recommander un livre qui t’a particulièrement touché sur le sujet

J’ai lu Zebraska (Isabelle Barry) que je recommande à certains adostrès bon livre entre réalité et fiction sur les atypiques, le HPI et la relation aux parents, le HPi dans la famille, tout ça à-travers les yeux d’un ados à haute sensibilité !

Pour le mot de la fin, dis-nous comment nous pouvons te contacter

On peut me trouver sur Google, j’ai aussi un site internet / blog  www.marina-ardouin.fr (j’essaie de publier régulièrement, pas facile !), une page FB, un compte Instagram !

 

Merci Marina, au plaisir de te rencontrer IRL sur Paris ou ailleurs !