Elsa est une pétillante neuroatypique qui me surnomme « la dame chez qui je suis toujours en retard » !
Elle est arrivé en juin au cabinet sur recommandation avec une demande de suivi assez large … elle était totalement perdue dans son quotidien, ses relations et submergée par ses émotions.
Son hypersensibilité me touche (miroir au beau miroir ..), elle mène un combat au quotidien. Je lui ai donc proposé de lui donner la parole sur mon blog, ses yeux ont brillé !
Bonjour Elsa, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Elsa Leclerc, j’ai 19 ans et je suis en deuxième année de BUT Chimie à Orsay. Ma formation est en alternance, c’est-à-dire que j’alterne 2 semaines à l’école et 2 semaines en entreprise. Mon entreprise se nomme Dipan, et j’y travaille en tant que laborantine (j’analyse des prélèvements d’eau issus de chaudière ou d’autres installations).
Comment et pourquoi es-tu arrivé à mon cabinet ?
Dans un premier temps, j’ai effectué un travail personnel en allant voir une psychologue car je me sentais un peu perdue dans tous les points de ma vie.
Ce travail a duré presqu’un an, et m’a permis de tourner une page et d’avancer. La psychologue qui m’a accompagnée tout au long de ce chemin s’appelle Myriam Cambuzat. C’est elle qui m’a ensuite recommandé de continuer ce travail avec toi.
Aujourd’hui, l’objectif que j’envisage avec toi est de pouvoir réussir à contrôler (tu dirais « vivre ou accepter » 😉 ) mes émotions et surtout de comprendre ce que je ressens et pourquoi (oui, vous parlez avec une hypersensible !!).
Peux-tu nous décrire l’impact de nos séances sur ton quotidien pro / perso et nous raconter celle qui t’a le plus marqué ?
C’était un jeudi soir, et je suis allée te voir comme tous les mois.
L’activité de ce soir-là était la réalisation de ce qu’on appelle un « mood board ». Il s’agit d’un tableau de visualisation. Il faut choisir des images ou des phrases de magazines qui nous correspondent ou nous inspirent et les coller sur une feuille vierge. Le travail semble méga simple, mais était pour moi tellement difficile.
Lorsque tu m’a annoncé la consigne, je t’ai fait comprendre que cela ne me plaisait pas. Tu n’as pas lâché la consigne initiale et c’est là qu’a commencé le violent combat contre moi-même.
Je me sentais mal comme si j’allais faire un malaise, et je devenais très désagréable. J’ai pris une quinzaine de minutes à me débloquer. Puis, j’ai commencé à faire l’activité. Au fur et à mesure du temps, je me sentais apaisée. Et, à la fin, je me sentais même super fière de moi !
Cette activité m’a permis de me rendre compte dans quel état j’étais capable de me mettre lors d’examens. Autrement dit, l’horreur.
Maintenant, je commence à savoir réduire mon angoisse et ma panique lors des examens et mes notes commencent même à augmenter !
Avec toi, j’ai aussi fait un énorme travail intérieur, dans la perception de mon entourage et sur ce que je voulais pour le futur.
Il est très rare que j’interviewe mes bénéficiaires en milieu de parcours, mais ton combat m’a particulièrement touché, peux-tu nous parler de la maladie chronique dont tu es atteinte ?
Il y a un an, j’ai appris que j’étais atteinte d’endométriose. Il s’agit d’une maladie chronique qui se développe avec les menstruations. Et ca fait mal !
J’en ai entendu parler lors d’un documentaire et je me suis reconnue dans pleins de points.
La phrase qui m’a sans doute le plus marquée était : « Ce n’est pas normal d’avoir mal quelque part durant ses règles ! »… alors que j’ai toujours eu des règles un peu douloureuses.
La douleur s’est nettement amplifiée avec le temps. Puis un jour, j’en suis arrivée au point de faire des malaises et à vomir lorsque j’étais en période. Je ne pouvais pas me lever et trois jours par mois j’étais complètement invalide.
Qu’est-ce que cela change dans ton quotidien ?
Au début, je pensais que le diagnostic n’allait absolument rien changer à mon quotidien, car je me disais « la douleur je l’ai depuis longtemps, je sais gérer. » Alors, j’avais tout faux.
A partir du moment où je l’ai appris je me suis enfermée dans une bulle où j’étais persuadée que personne ne pouvait comprendre la douleur que je ressentais. Je trouvais ça profondément injuste.
Lorsque j’ai appris le diagnostic, j’avais un logement étudiant en province et j’habitais seule. Mon gynécologue m’avait prescrit une pilule qui ne me correspondait pas du tout, et je devais gérer tout ça seule au quotidien. J’avais des sautes d’humeurs et surtout des règles qui pouvaient durer jusqu’à trois mois !
Des prises en charge existe-t-elle ?
Bien-sûr ! Même si cette maladie n’est malheureusement pas encore très connue, il existe beaucoup de remèdes ! Je vais vous partager ceux que j’ai essayé et ceux que j’utilise aujourd’hui :
Dans un premier temps, j’étais suivie par une gynécologue. Le choix du gynécologue est primordial, car c’est lui qui aura le pouvoir de vous rassurer.
Puis, je suis allée voir un médecin de la douleur. Il m’a écouté et m’a donné des remèdes médicamenteux contre les douleurs (Tramadol, Codéïne, etc). Je n’en ai jamais beaucoup pris, car je n’avais pas envie de tomber dans le truc où je prends que des médocs pas très bons pour la santé.
De plus, dans ma formation il y avait beaucoup de Travaux Pratiques où on devait rester longtemps debout. C’était impossible pour moi ! Mais la justification d’absence n’existe pas pour ce genre de raison… Il m’a alors fait un certificat d’obligation de rester assise.
J’ai également essayé le TENS. Ce petit objet électronique a changé ma vie. Il s’agit d’électrode que l’on place aux endroits où l’on a mal. Les petites décharges électriques soulagent considérablement la douleur sur le moment.
Ensuite, j’ai essayé l’hypnose. Ce travail consiste à différencier les douleurs psychologiques et les douleurs physiques. La plupart du temps, lorsque l’on a une maladie chronique, on a tendance à croire qu’on a mal tout le temps, alors que certaines douleurs peuvent venir de la tête.
J’ai été voir une nutritionniste, qui m’a parlé de micro-nutrition. J’ai abandonné assez vite, car je n’étais pas assez motivée à changer toute ma façon de manger. Il existe pleins d’autres traitements, telle que l’ostéopathie, la fasciathérapie, etc.
Chaque remède est propre à chacun et n’aura pas les mêmes effets selon les personnes. De mon point de vue, c’est important de tester beaucoup de choses jusqu’à ce que l’on trouve le cocktail idéal pour nous-même.
Aujourd’hui, j’ai trouvé une pilule qui me correspond, j’ai appris à m’écouter et je reste toujours en quête de mon cocktail idéal ! La prochaine étape pour moi est de reprendre une activité physique régulière 😊.
J’ai été atteinte d’un SCT l’an dernier, tu as fait une étude sur les protections hygiéniques, peux-tu nous donner tes conclusions ?
Effectivement. J’ai réalisé un exposé de groupe dans ma première année de chimie et j’ai proposé de travailler sur les protections hygiéniques.
Lors de mes recherches, j’ai appris que les tampons étaient composés de molécules contenues dans le désherbant et dans la mort aux rats. Comme dire ? J’étais un peu choquée. Mettre des matières aussi toxiques dans des produits hygiéniques et ne même pas l’indiquer sur les notices de leur produit ou afficher les noms scientifiques pour que personne ne comprenne rien ? Bienvenue dans un monde cynique !!
Les marques concernées ont eu de gros problèmes et ont donc changé leurs compositions. Ouf !
Il existe des protections nouvelles et moins dangereuses pour notre corps. On parle de culottes menstruelles ou encore de cup. Ils ont leurs avantages et aussi leurs inconvénients, mais heureusement pour nous tout a été travaillé par des femmes qui ont pris conscience de ce fait et qui ont voulu bouger les choses !
Cependant, attention à la nature des produits quand même, il faut privilégier le BIO !
Merci beaucoup Elsa