Face à la dégradation inquiétante de la santé mentale de mes bénéficiaires, je me suis formée aux Premiers Secours en Santé Mentale en mai 2022.
J’ai réitéré cette année et suis fraichement certifiée en Premiers Secours en Santé Mentale Jeunes, certification axée sur le repérage et l’accompagnement du mal être des 11-18 ans !
La santé mentale chez l’adolescent
Un jeune en bonne santé mentale :
- se sent maître de ses émotions
- a un bon fonctionnement cognitif
- des interactions positive avec son entourage.
Cet état lui permet d’obtenir de bons résultats dans ses relations familiales et sociales et dans ses études.
Une bonne santé mentale ne signifie donc pas seulement l’absence de troubles mentaux, mais aussi la présence de facteurs positifs tels que la résilience, l’estime de soi, la capacité à s’adapter aux changements, à maintenir des relations saines et à éprouver du bien-être émotionnel.
Mais passer de l’enfance à l’âge adulte implique de grands bouleversements. En effet il s’agit pour le jeune, en quelques années, de :
- s’adapter « dans sa tête » à un corps qui se transforme sous l’effet de la puberté, avec à la fois :
- une poussée de croissance, parfois très rapide
- un poids doublé entre 9 et 15 ans
- une modification de la silhouette
- un développement des organes sexuels
- se sentir femme, homme, ou ne pas se retrouver dans les catégories de genre, et faire face au regard des autres
- découvrir une sexualité adulte, qu’elle soit hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle ou autre
- faire le constat que ses parents – et les adultes en général – sont imparfaits et faillibles
- construire son identité, trier entre ce qu’on garde et ce qu’on laisse de son éducation
- développer des amitiés, chercher des compagnes ou des compagnons loin de son cercle habituel ou familial
- acquérir progressivement son autonomie
- choisir une formation ou un métier, décider de poursuivre des études ou de chercher un emploi.
Cela paraît facile à certains, difficile à d’autres.
La santé mentale des adolescents
Les enjeux de santé mentale qui touchent les adolescents et les jeunes adultes ne datent pas d’hier. Mais ils semblent s’être récemment aggravés à la suite des mesures sanitaires mises en place pour contrer la COVID-19. Et depuis, pas une journée ne passe sans que de nouvelles voix s’alarment sur la montée de cette « nouvelle pandémie » chez les jeunes.
Aujourd’hui, environ 8% des adolescents de 12 à 18 ans souffriraient de dépression en France.
À l’échelle mondiale, un jeune âgé de 10 à 19 ans sur sept souffre d’un trouble mental, ce qui représente 13 % de la charge mondiale de morbidité dans cette tranche d’âge.
La dépression, l’anxiété et les troubles du comportement sont parmi les principales causes de morbidité et d’invalidité chez les adolescents.
Le suicide est la quatrième cause de mortalité chez les jeunes âgés de 15 à 19 ans.
Lorsque les troubles mentaux des adolescents ne sont pas pris en charge, les conséquences se font sentir jusqu’à l’âge adulte, ce qui nuit à la santé physique et mentale et limite la possibilité de mener une vie épanouissante à l’âge adulte.
Les signes auxquels prêter attention
Certains signes peuvent alerter. L’entourage aussi (que ce soit les amis, les parents, les frères et sœurs ou les professeurs) peut les repérer et réagir.
Si ces signes s’accumulent et durent plus de 6 mois, cela indique que la santé de l’adolescent est en danger. Il faut alors chercher l’aide de professionnels.
Il est temps de le faire si, par exemple, le jeune se trouve incapable de faire face aux tâches du quotidien ou aux exigences des relations sociales. Notamment dans les situations suivantes :
- impossibilité de se rendre au collège, au lycée, à l’université, sur son lieu de formation ou à son travail
- difficultés à entrer en contact avec les autres
- problèmes sexuels.
Parfois, c’est la répétition d’une même situation qui peut alerter, comme :
- l’accumulation de douleurs physiques, d’accidents ou de maladies
- des troubles du sommeil qui durent
- une succession d’échecs, par exemple aux examens.
Les actes destructeurs pour eux-mêmes sont à prendre en compte, d’autant plus s’ils sont fréquents. Notamment :
- la consommation excessive ou à risque d’alcool, de cannabis ou d’autres drogues illégales, de tabac, de médicaments ou bien de jeux vidéo, de jeux d’argent, de sexe
- des blessures volontaires, par exemple des scarifications
- des restrictions alimentaires excessives évoquant une anorexie ou des excès évoquant la boulimie, qu’ils soient accompagnés ou non de vomissements provoqués
- des prises de risques sur la route, dans des sports extrêmes ou d’autres circonstances
- des tentatives de suicide.
Chez les 11-18 ans, la difficulté reste toutefois de distinguer la maladie, d’une déprime associée à la crise d’adolescence.
Secouriste en Premiers secours en santé mentale Jeunes
Cette formation en PSSM est l’équivalent, en santé mentale, des gestes de premiers secours qui eux, apportent une aide physique à la personne en difficulté. Le module jeune est dédié à la santé mentale des adolescents (collège et lycée).
Cette certification m’a appris comment fournir un soutien initial aux jeunes qui subissent le début de troubles de santé mentale, la détérioration de troubles existants, ou les cas de crises. Concrètement, elle m’a permis :
- D’acquérir des connaissances concernant les troubles psychiques des adolescents :
- Dépression
- Troubles anxieux
- Troubles des conduites alimentaires
- Troubles psychotiques
- Problèmes liés à l’utilisation de substances,
- Problèmes d’addiction au jeu,
- De mieux appréhender les différents types de crises en santé mentale :
- Pensées et comportements suicidaires
- Automutilation non suicidaire
- Attaques de panique
- Évènements traumatiques
- États psychotiques sévères
- Effets graves de la consommation d’alcool
- Effets graves de la consommation de drogues
- Comportements agressifs
- De développer des compétences relationnelles :
- Mieux appréhender les différents types de crises en santé mentale
- Écouter sans jugement, rassurer et donner de l’information
- Mieux faire face aux comportements agressifs
Et au quotidien, d’utiliser un plan d’action pour apporter un soutien immédiat sur les problèmes de santé mentale.
Mon cabinet, un lieu ressource
Il me semble important de sensibiliser le public à la santé mentale des adolescents et de lutter contre la stigmatisation associée aux troubles mentaux. Une prise de conscience accrue peut encourager les adolescents à demander de l’aide et à recevoir un soutien approprié sans crainte de jugement ou de discrimination.
Dans mon cabinet, je suis la personne ressource. Celle qui va les soutenir en leur fournissant un environnement sûr et positif où ils peuvent se sentir en sécurité.
Le facteur X, c’est cette confiance qui s’installe entre eux et moi et mon titre de secouriste en santé mentale, font que je peux détecter au plus tôt mes bénéficiaires en souffrance et leur proposer des ressources disponibles comme des livres, des applications de méditation sur smartphone, des sites internet, etc …
Et le cas échéant, les diriger vers les professionnels de santé du secteur, pour mettre en place un protocole de soin en vue de les aider à stabiliser leur état.